Épisode d’aurores boréales sur une grande partie de l’Europe

Pour en finir avec cet épisode d’aurores boréales qui ont été observables à l’œil nu jusqu’en Grèce la nuit dernière, je vous propose quelques explications plus techniques avec comme illustration cette superbe photo prise hier soir à 11 000m d’altitude. Par Sébastien Kurda au-dessus de Cracovie, c’était probablement un des plus beaux clichés.

Tout d’abord il faut savoir que le soleil a des cycles d’activité plus ou moins forts dont deux phases sont séparées de 11 ans. Le prochain maxima étant attendu en juillet 2024, ce genre de phénomène sera donc amené à se répéter ces prochains mois.

Lors de ces périodes d’activité plus intenses les tâches solaires ont tendance à s’agrandir et à se multiplier, de plus les tempêtes géomagnétiques provenant des éruptions solaires se font également plus régulières et plus intenses.

Lorsque le plasma du vent solaire atteint notre planète, il perturbe le champ magnétique terrestre, ses particules rentrent alors en interaction avec les éléments constituants notre atmosphère. Les aurores boréales et leurs couleurs en sont précisément les conséquences visibles:

Vert : Les aurores vertes sont celles qu’on voit le plus souvent. Elles se produisent lorsque des particules chargées entrent en collision avec des molécules d’oxygène se trouvant entre 100 et 300 km d’altitude.

Rose et rouge foncé : À l’occasion, il se peut que l’extrémité inférieure de l’aurore soit teintée de rose ou de rouge foncé. Ce phénomène est dû à la présence de molécules d’azote, à environ 100 km de hauteur.

Rouge : Un peu plus haut dans l’atmosphère (c’est-à-dire entre 300 et 400 km d’altitude), les collisions avec les atomes d’oxygène produisent des aurores rouges.

Bleu et mauve : Enfin, les molécules d’hydrogène et d’hélium peuvent produire des aurores bleues et mauves. Ces teintes sont toutefois difficiles à percevoir à l’œil nu puisqu’elles se démarquent difficilement du noir du ciel nocturne.

Les éruptions solaires les plus fortes peuvent avoir bien d’autres conséquences beaucoup plus importantes pour nos activités comme des défaillances au niveau des satellites (GPS), des perturbations pour la communication radio, une mise hors service du réseau électrique…

Pour vous donner une idée, la dernière tempête géomagnétique était classée G-2 (soit modérée) avec un impact sur terre de Kp-7 (il peut aller jusque 9). La nuit prochaine, un Kp-6 est encore attendu donc la probabilité d’aurore boréale sera plus faible mais probable.

En 1859, une tempête solaire majeure donna un kp-9 avec des aurores boréales visibles jusque dans la mer des Caraïbes. De plus, de nombreux télégraphistes furent électrocutés.

L’activité solaire est donc suivie de manière continue par de grands centres mondiaux mais aussi en Belgique (au STCE notamment, le « Solar-Terrestrial Center of Excellence »). Au sein du Meteo Wing, nous sommes d’ailleurs heureux d’avoir été (in)formé dans ce domaine aussi intéressant que vaste et complexe mais aussi important, nous sommes en contact quotidien avec le « STCE »

Complément d’infos par rapport à la confusion des aurores boréales avec la lumière LED des serres de Pecq se réfléchissant sur les nuages bas:

Pour celles et ceux qui semblent outrés par la pollution lumineuse engendrée par les serres de Pecq (entourées sur l’image de gauche en noire), à droite vous découvrirez la taille des immenses serres du côté de La Haye qui couvre une surface encore bien plus importante que la ville en question.

Voilà ce que je vous en disais il y a quelques jours: : »

Tôt ce matin l’ami Météo G.Bille m’a contacté pour avoir mon avis sur ces étranges lumières roses que Vincent, batelier namurois, avait observé sur la Meuse aux Pays-Bas.

J’ai directement reconnu ses lumières artificielles provenant des immenses serres et se réfléchissant sur les nuages bas.

Il faut savoir que l’agriculture est en pleine mutation chez nos voisins du plat pays. Ils ont décidé depuis quelques années de se séparer progressivement de leur cheptel de bétails, responsable de grosses émissions d’azote, pour se consacrer à l’agriculture intensive sous serres. Développée de façon high tech afin de limiter l’émission des pesticides et pour limiter les consommations en eau, les néerlandais présentent leur façon d’opérer comme l’avenir de l’agriculture agro-alimentaire. Par exemple, ils conditionnent les lumières (couleurs et intensités) pour augmenter la vitesse de croissances de leur production de tomates, poivrons, concombres, fraises et autres plantes aromatiques. Ces cultures sous serres se font sur d’énormes territoires, je vous mets en commentaire une image satellite qui vous montre toutes les serres du Westland, ce territoire au sud de La Haye, qui couvre autant de surface que cette grande ville. Il y a de grandes chances pour que les légumes mentionnés que vous achetez durant cet automne dans les supermarchés proviennent de chez nos voisins du nord via ce type d’agriculture.

Merci à Alexis Senys pour cet article intéressant d’un phénomène qui n’a pas fini de faire parler de lui dans les prochaines années. »

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