Bonjour tout le monde,
Cet article fait écho à propos du malheureux accident qui a eu lieu le 28/01/24 à l’aérodrome de Spa tuant le pilote et son copilote lors d’une approche sur l’aérodrome de Spa. Originaire de la région verviétoise, passionné d’aviation et d’aérostation, j’ai pour habitude de conseiller certains pilotes/aérostiers locaux lors de la préparation de leur vol, le relief pouvant être parfois un élément quelque peu perturbant pour le vent, l’instabilité et les nuages bas rendant les situations de vol potentiellement dangereuses.
La situation météorologique de ce dimanche 28/01 m’a alerté dès vendredi à cause du décalage de l’anticyclone vers le centre de l’Europe qui provoquait un renforcement du flux en altitude de direction sud-est alors que les conditions ensoleillées et très douces paraissaient à premières vues très favorables au vol.
Je m’empressais alors d’avertir de la situation sur différents groupes de la région à propos de cette situation potentiellement dangereuse, notamment à l’aérodrome de Spa.
En effet, la piste d’orientation sud-ouest/nord-est est placée perpendiculairement par rapport à tout flux venant du sud-est, qui, déjà rapide en altitude pour les raisons évoquées, vient encore s’accélérer en descendant les pentes de Malchamps.
Spa étant protégé par la vallée, le temps est calme, ensoleillé et particulièrement doux avec des températures flirtant avec les 15°C à l’ombre en milieu d’après-midi. Par contre, au niveau de l’aérodrome ce vent de sud-est souffle modérément de façon turbulente avec environ 35km/h en vent moyen lors de l’accident (METAR EBSP 9h00), ce qui veut dire potentiellement des pointes à 50km/h. Des conditions d’atterrissage difficiles même pour un pilote chevronné car je vous rappelle que ce flux souffle perpendiculairement à l’axe de piste.
A Solwaster (village), autre localité à subir ce flux lors de ce type de configuration, le constat est grosso modo le même dans des conditions de mesure amateur. Là-bas, le flux s’accélère en descendant les pentes des Hautes-Fagnes.
C’est ce qu’on appelle dans le jargon météo l’effet de « Foehn », il est particulièrement connu et craint en montagne (par les skieurs et par les aviateurs) lorsqu’il se met à souffler. Il est anecdotique car il excède rarement 60km/h en Belgique mais parfois assez surprenant pour les promeneurs des régions précitées, il devient même dangereux pour l’aérodrome de Spa dont l’axe est perpendiculaire à celui-ci. Il est tout autant redouté pour les aérostiers de la région.
Pour l’anecdote de cette triste journée, le flux qui dévale les pentes s’accélère, s’assèche et…se réchauffe aussi. C’est d’ailleurs en région verviétoise qu’on a relevé les températures maximales de notre réseau hier avec jusqu’à 16°C à Membach, en bord de Vesdre. Des températures exceptionnelles pour la période de l’année. Valeurs complétées par les stations (climato) de l’IRM avec 16,1°C à Gemmenich et 15,5°C à Lontzen selon Pascal Mormal.
L’objectif de cet article n’est bien entendu pas de blâmer ou de mettre la responsabilité de cet accident sur qui que ce soit, une enquête est en cours et malheureusement on ne peut rien changer à cette tragédie. Cependant, il me parait utile de vous partager mon expérience à propos de ce phénomène comme je l’ai fait encore il y a quelques jours avec des instructeurs aérostiers. Même si le temps est superbe, que les conditions paraissent calmes, il faut toujours consulter les bulletins météo officiels (produits pour l’aviation) ou en cas de doute consulter des météorologues spécialistes dans leur région. Les prévisions généralistes ne sont souvent pas suffisantes dans ce type de cas et d’un côté c’est normal vu qu’il s’agit de phénomènes locaux, pas pour rien qu’il y a 3 principaux services météo en Belgique.
Merci pour ce partage!
Zeer nuttig verslag, bedankt om dit alles nog even aan te halen.
Bonjour. Les pilotes du Laboru, eux, connaissent bien ces particularités. Car les vélivoles verviétois pratiquent de longues dates le vol d’onde en hiver, lorsque les conditions météo sont propices (direction du vent, force, inversion etc). Le grand spécialiste de ces phénomènes météo n’est autre que Baudouin Litt, ancien pilote militaire de Mirage et F-16 ainsi que pilote très très expérimenté de vol à voile…
Bonjour Monsieur Hauglustaine,
Merci pour votre retour, effectivement, ce serait très intéressant d’avoir son point-de-vue là-dessus.
On m’a déjà parlé de Monsieur Litt aux Cadets de l’Air de par son expérience dans ce type de conditions…
Est-il juste de parler de « foehn » vent chaud des Alpes ? Vent « catabatique » ne conviendrait-il pas mieux ???Ou alors le mot « foehn se serait-il « généralisé » ?
Bonjour,
Le vent catabatique est un autre phénomène, l’effet de foehn est le résultat d’un forçage par le vent de l’air par-dessus le relief, et sa température au sommet de l’obstacle n’est pas dû à un refroidissement local. Tandis que le catabatique est un vent gravitationnel produit par le déséquilibre d’une masse d’air refroidie, devenue de ce fait plus dense, qui dévale alors un relief géographique.
Dans ce cas je parle bien de l’EFFET de foehn qui se matérialise lorsque le flux arrive perpendiculairement au relief, le principe en lui-même provient du foehn qui est un vent sec et chaud qui se produit dans les Alpes.
J’espère avoir pu vous éclairer un peu.
Bonne soirée.