Cette modélisation issue du calcul GFS de samedi midi montrait assez bien les forces en présence :
- Une dépression associée à une goutte froide sur l’Ouest de la France injectait de l’air froid d’altitude sur le Sud de la France via un vent d’Ouest.
- Un vent de Sud soufflait sur la Méditerranée sur le flanc Ouest d’un petit anticyclone italien.
- Une puissante ligne de convergence allait donc se mettre en place, bien alimentée par la mer encore chaude et renforcée par le relief côtier qui aggrave toujours les quantités de précipitations. Les cieux furent donc sans pitié pour les habitants de la région PACA, comme en témoigne cette carte de Keraunos :
Notons que les orages cannois et niçois eurent des sommets pénétrants, ceux-ci culminant à 12 kilomètres d’altitude et présentant des températures jusqu’à -68°. Ils adoptèrent un comportement rétrograde, c’est-à-dire qu’ils se renouvelaient par la mer, dans un flux marin moite perpétuel et bloqué par le relief côtier. L’image ci-dessous montre le MCS (système orageux de méso-échelle) exploser en fin de soirée sur le littoral méditerranéen. La couleur rouge montre des sommets nuageux très froids: il s’agit ici de l’ensemble des cumulonimbus et non de la zone active de l’orage qui ne prend qu’une petite partie de l’ensemble.
Le littoral azuréen a subi des pluies torrentielles : 195,5 mm de pluie sont tombés sur Cannes (l’équivalent de deux fois les précipitations d’un mois de septembre normal), dont 107 mm en une heure. On a également relevé 178 mm de pluie à Mandelieu et 128 mm à Antibes. A Nice, on relevait 108 mm de pluie. Afin d’illustrer la violence de ces intempéries, sachez qu’à Nice, il est tombé 74 mm de pluie entre 21 et 22 heures hier soir, battant l’ancien record du 30 septembre 1998 où 63 mm de précipitations avaient été mesurés en une heure.
- Un orage reste avant tout un phénomène local, aussi extrême soit-il.
- Compte tenu de ce caractère local, prévoir l’heure, l’intensité et la localisation exactes d’un orage est impossible. Les modèles météorologiques ne renseignent que sur un risque valable et plus ou moins prononcé à l’échelle d’une province, d’un département ou d’une région.
- Il ne servait à rien de placer tout le département des Alpes-Maritimes en vigilance rouge quand l’orage ne s’est produit que sur une petite partie de ce département, les modèles étant de toute façon incapables de cerner les phénomènes météorologique individuellement et à une si fine échelle.
- Enfin, rajoutons ici que cette catastrophe est un malheureux concours de circonstances: l’orage est survenu au-dessus d’une zone extrêmement peuplée et urbanisée, où l’eau éprouve des difficultés à ruisseler et à s’infiltrer dans le sol. Le même orage au-dessus de territoires ruraux serait passé presque inaperçu au point de vue des dégâts. Ceci invite à une réflexion sur la manière de concevoir l’urbanisme dans le futur pour éviter ce type de catastrophe.