Dans le petit monde de la météo, c’est presque un événement. Dans un océan de mois trop (et parfois beaucoup trop) chauds, voici venir un mois assez frais par rapport à la moyenne. Le fait est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un mois d’automne, et que le dernier mois d’automne frais remonte à bien longtemps. Nous verrons que l’anomalie n’est pas très importante, mais suffisamment pour éveiller l’intérêt d’Info Meteo. L’effet de surprise passé, survient rapidement la question du « pourquoi? ». Nous essayerons d’y répondre.
Septembre 2015 en chiffres
En fait, septembre 2015 est un mois très normal d’un point de vue climatologique, en attestent les données de la station de Uccle:
- Le total des précipitations s’établit à 59,1 mm, contre une moyenne de 68,9 mm. Ceci est considéré comme normal;
- Le nombre de jours de précipitations est de 21, contre une moyenne de 15,7. Malgré l’écart apparent, ceci est considéré comme normal;
- La durée de l’ensoleillement, 142h28, contre une moyenne de 143h04, est très normale;
- Le paramètre intéressant est donc la température. La moyenne du mois de septembre s’établit à 13,5°C, contre une moyenne normale de 14,9°C. L’écart est donc de -1,4°C, ce qui est loin d’être négligeable. Pourtant, le seuil de l’anormalité est situé à… 13,5°C. Statistiquement parlant, notre mois de septembre 2015 doit donc être considéré comme « normalement frais », alors que si nous avions obtenu 13,4°C, nous aurions dû parler d’un mois anormalement frais. Les statistiques et leur rigueur sont ce qu’elles sont…
Pour information, le dernier mois « frais » est celui de mai 2015 avec une déviation de -0,5°C par rapport à la moyenne, considérée comme normale. Si nous recherchons le dernier mois avec -1,0°C d’anomalie ou moins, il faut remonter jusqu’à août 2014 (déviation très anormale de -1,8°C). Enfin, pour trouver un mois automnal avec une anomalie sous -1°C, il faut remonter à septembre 2001. C’était alors un mois très anormalement froid au regard de la norme 81-10.
Le graphique ci-dessous réalisé par nos soins montre l’ensemble des moyennes de tous les mois de septembre jusqu’à 2014. La droite rouge indique le seuil de l’anomalie -1°C par rapport à la norme 81-10. Nous voyons clairement que cette anomalie n’a plus été atteinte depuis 2001, alors que cela arrivait assez régulièrement avant. Les derniers septembres ont même tendance à être trop doux, dans un contexte de réchauffement climatique qui se note surtout sur l’automne depuis une dizaine d’années maintenant.
Quelles sont les causes?
Ce mois de septembre 2015 a vu se produire quelques bizarreries à l’échelle de l’hémisphère nord. La principale d’entre elles est la persistance anormale et surtout la stabilité d’une ceinture d’anticyclones vers 60° de latitude Nord, donc bien au nord de nos régions. Or, au début de l’automne, les anticyclones sont sensés se déplacer au gré du vortex dépressionnaire polaire se reconstituant. Ce placement d’anticyclones au nord de la Belgique n’a été perturbé que quelques fois, et de manière assez courte. Cette barrière anticyclonique a contribué à limiter les afflux d’air doux vers nos régions.
La carte ci-dessous présente les anomalies de géopotentiels à 500 hPa. Le géopotentiel est la hauteur à laquelle se trouve une pression donnée (ici 500 hPa). Plus ce géopotentiel, et donc l’altitude, est haute, plus les conditions sont anticycloniques. L’anomalie présente donc l’écart entre la hauteur qui est observée et la hauteur moyenne normale que nous devrions avoir. Nous voyons, vers les hautes latitudes, des anomalies positives assez conséquentes (couleur jaune-orange). En d’autres termes, sur ces régions, le géopotentiel dans le courant du mois de septembre a été bien plus élevé que ce que nous aurions dû avoir; la persistance des anticyclones dans ces régions en est responsable.
A la fin du mois de septembre, cette barrière anticyclonique a été particulièrement puissante au nord de nos régions, avec une haute pression très stable qui nous a placé dans des courants d’est bien secs, mais aussi assez frais car provenant de la Russie et de la Scandinavie commençant à se refroidir. Vers le 10, l’anticyclone se trouvait sur les îles britanniques et faisait entrer de l’air maritime lui aussi assez frais sur nos régions. Ajoutons à cela des nuits bien dégagée et donc très fraîches, et nous avons là une explication de la fraîcheur constatée pour ce mois de septembre.
Situation le 29 septembre.